S'il y avait un mot qui était exclu de son vocabulaire, c'était bien "repos". A ses yeux, la mort arriverait bien assez tôt alors pourquoi perdre son temps à se prélasser ? Une pareille notion n'était bonne que pour les Vedan et autres peuples de cet acabit. Malheureusement, on n'avait pas toujours le choix. Le courrier qu'il avait reçu de la commanderie ne pouvait souffrir d'aucune contestation : la Crinière lui ordonnait d'attendre un navire qui le conduirait jusqu'aux terres des Valkor tout en lui demandant de ne pas faire de grabuge. Une petite note personnelle que Loki n'avait absolument pas apprécié. Mais, selon les termes de ses anciens responsables, mieux vaut prévenir que guérir.

Pourtant, rester le cul vissé sur une chaise en attendant le bateau céleste n'était pas concevable. Si ses hommes n'avaient d'autres choix que d'attendre le navire au campement, Loki avait le privilège de pouvoir encore se dégourdir les jambes. Et comme il gardait en tête les termes de sa mission très particulière, autant vérifier une dernière fois qu'aucun artefact concernant les Reiven ne se trouvaient dans les parages. Plus qu'une mission, il s'agissait tout bonnement de son unique raison de vivre. Et quel autre endroit que ce marché pour s'en assurer ? Les marchands pullulaient et les marchandises étaient aussi variées que possible. Bien sûr, le colosse ne se voilait pas la face pour autant : il repartirait bredouille. Mais au moins, il n'aurait pas à s'emmerder avec les autres.

Plusieurs peuples étaient représentés et cela ne surprenait pas le colosse. La terre natale de l'Empereur en attirait plus d'un et ceux qui voulaient tirer leur épingle du jeu n'avaient d'autres choix que de tenter l'aventure par ici. Qu'ils soient bons ou mauvais, Loki s'en moquait. De par sa profession, seule la Crinière méritait son dévouement. Le reste n'était que futilité. L’empereur lui-même ne pouvait lui demander de remettre son arme aux gardes de la cité : un garde de Cerberus ne se laissait dicter sa conduite que par sa Commanderie. Et par son honneur. La corpulence de l'Argenté lui permettait de se frayer un chemin très facilement parmi la foule. Les gens s'écartaient naturellement, ce qui n'était pas un mal. Et alors que son regard parcouraient les différents étalages, la corpulence d'un homme attira son attention. Habitué aux gens de son peuple, il n'eut que peu de doute quant à la provenance de ce gars. Et c'est avec un petit sourire qu'il se dirigea vers celui qui l'avait aussi repéré. Marchand apparemment, cela lui permettrait surtout de parler du pays. Pays qu'il comptait rejoindre rapidement et qui lui manquait terriblement. Aphelion n'était pas une cité faite pour lui. S'arrêtant devant l'étalage, il remarqua les nombreuses peaux et autres.

- Ah ! Je reconnaitrais un des nôtres parmi des milliers. Je suis Loki, capitaine de la Garde de Cerberus. Que fais donc un Valkor si loin de sa patrie ?

Un ton bourrue, allant droit au but sans faire de détour mielleux. Loki était connu pour sa franchise et bien que cela puisse énerver certains, il était ainsi et ne changerait pas de si tôt. Et de toute façon, il avait les arguments pour faire taire ses détracteurs, que ce soit sa carrure ou l'imposante lame qui siégeait en reine dans son dos. Mais puisqu'il avait l'occasion de parler à un compatriote qui, pour une fois, ne faisait pas partie des Cerberus, il comptait bien en profiter. De toute façon, la force Valkor était justement de ne pas se laisser facilement impressionner et à en juger par le sourire de l'homme face à lui, il était véritablement un des leurs.

- Pas mal ta marchandise... Je suppose que tu es celui qui a tué ces créatures, non ?

Une simple question. Mais le Valkor devant lui avait une carrure assez imposante également, preuve qu'il ne vendait pas de bibelots toute la journée. Il était donc logique qu'il se procure lui-même ses propres marchandises. Et qu'il se rassure, que le trafic soit légal ou non, Loki n'en avait cure : la justice était ce qu'elle était et il ne devait pas y prendre part, témoin des évènements, premier et dernier rempart contre une menace tout autrement plus dangereuse que certaines créatures célestes.

- Rien de tout ça. On a demandé à la Garde de venir jeter un œil sur quelques artefacts d'origine Reiven. Ce genre de mission est trop importante pour n'être confié qu'à un simple Cerbère. D'où ma présence par ici. Mais je compte bien quitter cette ville au plus tôt. L'empire... Pas fait pour nous, ce genre d'endroit.

Bien entendu, c'était toujours la même rengaine. Pourquoi la garde se trouvait-elle donc dans le cœur même de l'Empire ? Un petit sourire en coin des lèvres, Loki ignorait d'ordinaire ceux qui lui posaient la question. La Garde ne rendait de compte à personne. Mais voilà, il avait face à lui un Valkor. Et ce simple statut offrait quelques passes-droits pour le capitaine. Quant aux faits de "guerre" de cet inconnu, ils amusaient fortement le colosse. Un traqueur céleste visiblement. Métier qui pouvait rapporter mais qui était réputé comme extrêmement dangereux. Un Valkor était donc taillé pour ce métier.

Le petit épisode des sabres n'était pas inconnu à Loki. Lui-même devait faire attention avec celui qu'il portait dans son dos. Une véritable œuvre d'art traité à l'artefact mais qui pouvait s'avérer gênant lorsqu'il devait se poser quelque part. Aussi grande que lui, l'arme ne passait jamais inaperçu. Mais de là à haïr cette dernière, il y avait quand même un fossé. Cette lame représentait beaucoup aux yeux du capitaine et elle lui avait déjà sauvé la vie à maintes reprises. Un respect mutuel en quelque sorte.

- Conseil de soldat mon gars : ne déteste jamais tes armes. Elles sont les seules qui ne te trahiront jamais et elles pourront très certainement te sauver la vie un jour ou l'autre. L'homme est faible. Tes lames, si tu sais t'en servir, seront dix fois plus utiles en combat. Et t'as pas trop à te plaindre... T'as vu ce que je me traîne moi ?

Sourire. Son "hachoir" comme il aimait l'appeler. Le regard de Loki parcourut une nouvelle fois l'étalage d'articles devant lui. Rien d'intéressant à ses yeux. Mais il comprenait que le peuple puisse se sentir l’envie d'acheter pareils objets. Chaque chose avait une histoire et ce Valkor devait certainement en jouer lorsqu'il vendait ses articles. Promesse d'aventures en perspective. Les riches étaient friands de cela. Les pauvres étaient plus terre à terre. Et à propos de cela, Loki savait qu'il ne pouvait pas rester plus longtemps dans le coin. La Garde attirait l'attention, surtout quand son représentant dépassait les deux mètres dix. Le navire devant le conduire vers Midgard ne tarderait plus, il le savait. Et la promesse du retour à la maison était plutôt enivrante. Aphélion n'était vraiment pas une cité qu'il appréciait et rester plus longtemps que nécessaire pourrait le rendre plus désagréable encore.

- Je vais devoir poursuivre mon chemin, l'ami. Notre pays m'appelle. Mais avant de partir, j'aimerai savoir le nom du grand chasseur céleste que j'ai croisé. Des fois que j'entende parler de toi un jour. Si tu en portes un, bien sûr !

Ceux qui hésitaient à se nommer cachaient des choses. Loki se moquait des secrets des gens. Et il respectait le besoin de confidentialité. Mais autant s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un simple oubli. Les recherches, il s'en fichait. Seul le plaisir d'avoir discuté avec un membre de son peuple restait dans sa tête. Un plaisir simple mais qui se comprenait lorsque, comme lui, on restait loin de ses terres natales pour parcourir le monde.

Citation :

Encore désolé pour le retard... Tu peux conclure à ton post. Merci encore et on aura très certainement l'occasion de rp à nouveau ensemble.