Dans mon emplois du temps, assez chargé je dois dire, j’avais réservé un créneau horaire pour une personne que je connaissais bien. Quoique…disons qu’il faisait ce que je lui demandais en temps, en heure et ne demandant que son salaire préalablement négocié. Pas de coup fourré même si la méfiance restait de mise. Je m’en servais plutôt pour des œuvres ou mes mains pouvaient se retrouver entachées. Rencontres furtives, caché dans l’ombre ou au contraire, dissimulé dans la masse, quelques propos engagé et la moitié d’un paiement qui en appelait un autre. C’était toujours comme ça que ça se déroulait. Pourtant aujourd’hui, je me dirigeais d’un pas plus léger. J’avais une demande bien différente de d’habitude et donc beaucoup moins à perdre en cas de filature ou traitrise.

Les rendez-vous s’enchainant, le précédent avait duré un peu plus longtemps que prévus et je me surpris à presser le pas sur le chemin. Plus surprenant encore, je sifflotais un petit air enjoué tandis que je sortais des zones festives pour des coins plus calme. Le quartier des affaires. Grands immeubles, bourse,… le cœur commercial de la cité. M’y plongeant à chaque pas un peu plus, je crus remonté le temps. Je revenais à des années plus jeunes, plus joyeuses, plus…naïves. Le temps de l’insouciance sur le navire de ma mère, l’observant acheter et vendre avec panache. C’était avant…avant tout en fait. Comme une autre vie.

Anubis, mon exécuteur vint à ma rencontre, probablement par hasard au vu des propos qu’il m’adressa. L’écoutant calmement, je regardais la machine de guerre qu’il était. Mon sourire s’agrandit au fur et à mesure de ses paroles ; Un sourire polie mais sous lequel on décelait quelque chose de malsain, une menace sous-jacente. La plupart du temps, je ne laissais que le côté polie, propre transparaitre. J’aimais me dire que je jouais mon rôle à la perfection. En l’occurrence, j’avais légèrement baissé ma garde, mon « jeu » volontairement. Sia, comme temps d’autres fait partie d’un monde où les gens bien se font dévorer comme les agneaux qu’ils sont. Je n’étais pas un stupide animal laineux. J’étais un prédateur, un serpent muant pour mieux avancer un aigle voyant au loin.

-Bonjour à vous aussi Sia.

Son ton ne m’avait pas plus, loin de là. Je marquais une pause pour le faire remarquer avant de contourner mon interlocuteur, allant m’assoir un peu plus loin. Un simple banc avec une sculpture de près de trois mètres derrière. Cette dernière représentait probablement un dieu tutélaire des financiers. En tout cas, il possédait lunettes, livre de comptes et une bourse qui semblait bien remplis. Comme la mienne en fait. Tandis que j’avais détaillé des yeux l’œuvre d’art tout en marbre excepté quelques objets de bronze poli, j’avais ignoré mon mercenaire. Je voulais lui montrer que malgré sa grande entaille et son armure, je ne le craignais pas. Nous n’étions pas du même monde, nous n’avions pas le même destin. Pour autant, je retrouvais mon masque de façade quand je me retournais vers lui. Sourire franc, paupières quasi-clause de joies d’être là. Un vrai petit mouton innocent.

-Désolé de vous ôter de cette fête, j’y suis passé également et je dois reconnaitre qu’elle est forte attrayante. Si je vous ais fait venir ici c’est pour une simple raison et aucune de celles auxquelles vous avez imaginés.

Je marquais une nouvelle pose, laissant le suspense perdurer, observant mon employé, car c’était bel et bien son statut. Je me plaisais à l’imaginer toute sorte de jobs retors, dégueulasse et hors-la-loi que j’allais lui demander.

-Savez-vous ce qu’est un Skowe ?

J’avais détourné le regard comme si je parlais du beau temps, c’était un peu le cas. Nous étions loin des sujets d’importance mais cela restait une négociation comme une autre. D’une main je mimais la hauteur de ces petites bestioles tout en continuant à parler.

-Haut comme ça, brun ou châtain. En gros, des peluches qui crie, qui bouge et qui veulent vous tuer en vous piquant avec un bâton. L’arme la plus évolué qu’il connaisse. J’aimerais que vous m’en procuriez un. Ho, pas le Skowe lambda, j’aimerais un Skowe blond. Je me suis renseigné, il en existe mais plus rare, un peu comme chez l’homme en fait…

Je me doutais que le prix augmenterais en conséquence de la rareté de l’objet mais cela ne me dérangeais pas, tant qu’il n’outrepassait pas les limites bien entendus. Ce qui serait une grave erreur.

-Si je fais appel à vous c’est que je le veux vivant et en bonne santé. Je connais assez bien ce genre de boulot pour savoir que les professionnels ne le sont pas autant qu’ils le disent. Aucune blessure, aucun coup de pied ni de grosse privation. Bien entendus vous aurez un petit bonus si cela est fait rapidement. Je serais de retour dans les baronnies dans quatre jours, c’est votre temps minimum. Je n’attendrais pas plus deux semaines cependant.

Cette fois mes paupières c’était légèrement ouverte, je fixais mon interlocuteur. On passait à la partie la plus dure mais aussi, grâce à cette notion, la plus intéressant. Le prix.