Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas mit les pieds en ces lieux. Une éternité pour celui qui avait été forcé de s'exiler du cœur de l'empire. Tal se sentait désormais étranger à cet endroit qui l'avait vu naître. Un sentiment de nostalgie profonde envahi celui qui déambulait dans les rues du Valorium. Il aurait été faux de dire que s'il n'y avait pas eut la menace de se faire mettre sous arrêts, Tal serait revenu bien plus tôt en ces lieux.
Cette richesse, cette perfection, il ne l'avait retrouvée nul part ailleurs. Il avait sous les yeux la preuve même que ses théories concernant la supériorité des zéphyrs étaient fondées. Et pourtant, il s'agissait du même peuple qui refusait de réaliser le pas d'avance sur les autres nations et qui préférait rester muet.

Toutefois, l'exilé n'avait pas le temps d'apprécier le paysage qui l'entourait. Il marchait, droit devant, sans s'arrêter. Même après tant d'années, retourner dans un endroit si peuplé alors que l'on a été étiqueter comme un tueur de juge céleste, ce n'est jamais une entreprise dénuée de risque. D'autant plus si l'on a déjà été membre de la garde d'élite du pays. Toutefois, Tal avait besoin de retrouver une ancienne amie, qui pourrait bien l'aider dans ses démarches futures. Et il était prêt à courir le risque de se faire prendre pour la revoir. De toutes façons, l'armure qu'il revêtait, bien qu'elle attirait pas mal l'attention, suffisait à le déguiser, d'autant plus que son visage avait maintenant des traits plus matures qu'auparavant, et que ses cheveux, autrefois courts, tombaient maintenant jusqu'à la moitié de son dos. L'imposante épée qu'il portait à la taille n'était pas idéale pour se fondre dans la foule, mais au moins il avait réussi à lui trouver un fourreau. Le filon d'artefact qui se trouvait au sein de la lame faisait d'elle un véritable aimant à attention.

N'empêche que la crainte de se faire arrêter n'était pas absente de l'esprit de celui qui se faisait autrefois appelé Cassius. Et nul besoin de dire que s'il se faisait prendre, c'était la potence qui l'attendait. Aussi bien dire qu'il venait peut-être de signer son arrêt de mort. Fendant la foule, il se dirigeait vers le domicile de la femme qui partageait ses idéaux. Ou du moins celui de voir un jour les zéphyrs sur le trône. D'ailleurs cette-dernière n'avait pas hésité à faire appel à ses services par l'entremise de messagers alors qu'il était exilé. Ce qui était relativement risqué, car Tal était alors identifié comme un ennemi de l'empire. Il espérait tout de même qu'elle n'avait pas changée de domicile, auquel cas il serait forcé d'attendre quelques temps avant de la revoir, histoire de la retrouver. Et pour être franc, il n'en avait pas particulièrement envie. Elle constituait présentement son seul allié à Aphelion, et s'il voulait s'organiser c'était avec son appui politique qu'il y arriverait.

Elle serait sans doute bien surprise de le voir, en espérant que ses convictions n'aient pas changées. Si jamais il fallait qu'elle alerte la garde, il se retrouverait dans de beaux draps. Néanmoins, qui ne tente rien n'a rien. Bref, il arriva au domicile d'Aphrodite, et ce fut un domestique qui répondit.

Dans la vie trépidante d’une politicienne, il était rare d’avoir un jour de congé, toujours occupée à essayer d’arranger des situations difficiles ou de trouver du soutien à ses projets. Aphrodite était pour une fois restée tranquillement chez elle, profitant de sa journée pour se détendre un peu et se déconnecter des problèmes de l’Empire qui occupaient habituellement toutes ses pensées. Levée malgré tout aux petites heures du matin, la noble Zéphyr prit son temps pour déjeuner dans sa chemise de nuit en soie. Il était assez rare qu’elle puisse profiter des dons culinaires de la cuisinière de la famille Luxus et donc, elle comptait bien prendre son temps pour savourer chaque bouchée. Sirotant son café frappé, elle s’installa dans le jardin de la demeure familiale pour profiter du soleil et de l’air frais. Le Valorium était un endroit très paisible surtout pour ceux qui avaient une grande propriété à l’abri des regards indiscrets. Elle passa bien deux heures à picorer les brioches et autres pâtisseries qui se trouvaient sur la table, sa cuisinière connaissant parfaitement son penchant pour les douceurs aux fruits de toutes sortes. Après ce bon repas, elle laissa le majordome s’occuper du rangement pendant qu’elle alla prendre un bon bain relaxant. C’est donc dans une grande salle d’eau qu’elle se prélassa deux heures de plus, faisant la planche au milieu de son bassin en marbre, réfléchissant à ce qu’elle allait bien pouvoir faire pour se sortir son envie de travailler de la tête.

Rafraîchie et sereine, elle se coiffa et s’habilla de façon assez décontractée vu qu’elle ne comptait pas sortir aujourd’hui. C’est donc dans une robe sobre et unie de couleur mauve qu’elle descendit pour vaquer aux occupations que réclamaient le statut d’un enfant de la famille Luxus. Pour une fois, elle s’était contentée de quelques bijoux en or, notamment son traditionnel collier en plumes d’or qui lui rappelait ce qu’elle avait pu lire sur les Zéphyrs d’autre fois qui pouvaient voler grâce à leurs ailes majestueuses. S’occuper des affaires familiales était une chose que son frère faisait habituellement mais cette semaine, il avait du partir voir des marchands dans la Cité d’Amalsys et donc, c’était bien sûr à elle de s’en charger, son autre frère étant dans la Garde de Xeron alors que sa sœur était encore trop jeune pour avoir cette responsabilité. Enfin bon, vu que cela devait être fait, Aphrodite fit du mieux qu’elle peut pour tout mettre en ordre et rédiger les ordres à transmettre aux différentes succursales familiales.

Ce n’est qu’un peu plus tard dans l’après-midi, après qu’elle ait eu terminé de s’occuper de toute cette paperasse que le majordome vint la trouver dans le salon pour lui annoncer la présence d’un invité à l’entrée. Ce dernier souhaitait la voir et disait se nommer Cassius. Sur le coup, la jeune femme ne voyait pas de qui il s’agissait, le seul Cassius qu’elle connaissait étant bien loin d’Aphelion et d’ailleurs, il ne semblait plus se faire appeler ainsi depuis longtemps. La curiosité étant plus fort que tout, elle accepta de le voir, se demandant encore si c’était lui ou quelqu’un d’autre. Quelques minutes plus tard, le majordome revint dans le luxueux salon avec son invité, Aphrodite étant assise sur le fauteuil en cuir qui trônait devant plusieurs canapés à l’aspect plus modeste mais également en cuir, qui même si ils allaient avec l’ensemble du salon, donnait l’impression d’être un cran en dessous du reste. En fait, il s’agissait juste d’une habitude de son père afin de bien montrer qui était le maître de maison et qui n’étaient que les invités devant se plier à son bon vouloir. Lorsqu’elle vit entrer le fameux Cassius, elle reconnut presque immédiatement son vieil ami et se leva pour venir le saluer plus chaleureusement, entourant sa main avec les siennes.

« Cassius, je me demandais si c’était vraiment toi. Comment vas-tu ? Je croyais que tu ne reviendrais pas à Aphelion avec ce qu’il s’était passé. J’espère qu’il n’y a rien de grave pour que tu sois revenu à l’improviste. Assis-toi, je t’en prie. John va t’apporter quelque chose à boire. »

Le vieux majordome sortit du salon pour aller du côté du bar afin de servir un rafraîchissement à l’invité d’Aphrodite, tandis que la jeune femme s’assit à nouveau dans le fauteuil pour entendre ce que son vieil ami avait à lui dire. Après toutes ces années, c’était curieux de le voir en chair et en os, surtout qu’ils n’avaient pas vraiment perdu le contact, cette dernière faisant même appel à ses services à plusieurs reprises pour régler des problèmes gênant sur les territoires reculés de l’Empire. En tout cas, ses longs cheveux lui allaient plutôt bien et son visage était bien plus mature que la dernière fois qu’elle l’avait vu. En fait, si elle ne l’avait pas connu assez bien auparavant, elle aurait pu ne pas le reconnaître en le croisant en rue. Quoiqu’il en soit pour qu’une personne recherchée comme lui vienne dans la Capitale de l’Empire, c’est qu’il avait du se passer quelque chose d’important.

Tal avala d'un trait ce que l'homme venait de lui apporter. Retrouver quelqu'un qui était resté à ses côtés, d'esprit du moins, lui faisait chaud au cœur. La méfiance qu'il avait éprouvé concernant la fidélité de la jeune femme était maintenant effacée. Il avait l'intime conviction qu'il pouvait lui faire confiance. Pourtant, même lui ne savait pas où commencer. Il avait vu beaucoup de chose depuis qu'il s'était exilé, mais ce qu'il revenait faire à Aphelion n'allait que boucler la boucle. Toutefois ce n'était pas pour cela qu'il avait choisi de rendre visite à Aphrodite.

- Ça va, j'essaye de ne pas trop me faire remarquer. Ça fait un bout de temps que je suis partis, mais suffit d'un seul mec pour que l'on me retrouve. Pour être franc, moi non plus j ne croyais pas revenir un jour ici. Mais visiblement j'ai encore des choses à faire ici. Enfin... Ce n'est pas pour cela que je suis ici. En fait, je voulais simplement t'informer que je n'ai pas abandonner l'idée de renverser l'empereur... Et je voulais aussi prendre de tes nouvelles... Dit-il en esquissant un sourire.

S'il pouvait en avoir confiance, il ne savait toujours pas si elle voulait toujours mettre un zéphyr sur le trône. Il n'était pas sans savoir qu'au moment de sa fuite, comme son organisation avait été démantelée, toutes personnes qui étaient reliées à lui de proche ou de loin avaient dû être traitées en tant que rebelles. Il ne se faisait pas de soucis pour la jeune femme, qui avait sans doute échappée à la rafle grâce à sa prestigieuse famille, mais peut-être qu'elle refuserait maintenant de l'aider. Et puis effectivement, il voulait savoir comment son amie se portait. Elle était la seule avec qui il avait maintenu un certains contact, et il était curieux de savoir ce qu'elle avait fait en son absence.

- ...J'ai traversé Syren en entier. Rencontré les peuples venant de chacun des continents, et jamais je n'ai pu trouvé ce que notre peuple possède... Nous sommes le sage qui pourrait montrer à ses enfants comment cultiver la terre, mais qui préfère ne pas s'imposer et les laisser mettre le feu à la grange. Nous sommes nés pour gouverner...

Il avait choisit d'emprunter ce discours car il savait qu'il serait plus aisé pour lui de la joindre à sa cause. Car au fond, ce n'était pas tant pour assurer la pérennité du monde que pour assurer celle de sa race que Tal voulait mettre un zéphyr comme empereur.

- ...Donc, je voulais savoir si je pouvais compter sur toi pour ce projet.

Cela faisait très plaisir à Aphrodite de voir son ami venir chez elle et même si il l’avait un peu pris de court avec cette visite surprise, elle était ravie de le revoir après tant d’années. Il lui expliqua ce qu’il avait fait durant tout ce temps, précisant tout de même que son désir de renverser l’Empereur était toujours aussi présent en lui. En fait, elle pensait comme lui que seul un Zéphyr pouvait correctement diriger l’Empire et que les autres races n’avaient pas les qualités nécessaires à cette fonction. Cependant, elle était bien plus réfléchie et posée que lui et elle avait su rester à distance de son organisation qui faisait bien trop de bruit à son goût pour réussir quoique ce soit. C’était peut-être son côté politicienne qui voyait les choses de façon bien plus vaste et qui surtout comprenait bien mieux le fonctionnement de l’Empire et la nécessité d’obtenir le soutien nécessaire avant même d’envisager la disparition de l’Empereur. C’est un peu comme aux échecs, il faut placer ses pions avec sagesse pour mettre en défaut le roi. En tout cas, Cassius semblait toujours aussi fougueux dans sa façon d’aborder les choses et cela allait certainement encore lui porter préjudice si il ne se retenait pas un peu plus.

Evidemment, il lui confirma à nouveau ce qu’elle savait sur la supériorité de leur race et leur aptitude à se dresser au dessus des autres pour leur propre bien. Dans l’esprit de la jeune femme, cela ne faisait aucun doute qu’un Zéphyr devait devenir Empereur pour sauver l’Empire de Solaris et lui apporter la prospérité. Les mots de son ami étaient emplis de sagesse, preuve que ce temps passé à voyager avait réussi à dompter un peu son esprit trop fougueux. Evidemment, comme elle s’y attendait un peu après ce beau discours, il lui demanda si il pouvait compter sur elle pour ce projet, ce dernier ne sachant pas que de son côté et avec plusieurs autres politiciens, elle avait déjà mis en marche un plan similaire pour que leur race retrouve sa place au sein de l’Empire et qu’ils puissent guider les autres vers la prospérité et la sagesse. Depuis le temps qu’elle le connaissait, il devait savoir qu’elle partageait ses idées et c’était sans doute pour ça qu’il était revenu après tant d’années mais il devait comprendre que monter un groupe trop voyant était une chose vouée à l’échec. La force n’aurait jamais sa place pour prendre la tête de l’Empire, il fallait passer par le cadre légal même si certains obstacles étaient écartés de façon malhonnête.

« Cassius, tu sais très bien que je partage tes idées et nous en avons souvent parlé par le passé. Je suis une politicienne à part entière maintenant et je me dois de ne pas exposer tous mes désirs de façon publique. Ce qu’il t’a manqué, il y a quatre ans, c’était le soutien politique et surtout le discrétion. Agir ouvertement contre l’Empereur n’est pas une solution et tu as vu où cela t’a mené. Il faut d’abord réunir des soutiens politiques et populaires qui soutiennent l’importance de notre race dans les hautes sphères gouvernantes. Une fois que cela sera fait, on pourra voir ce qu’il y a lieu de faire pour l’Empereur. Même si il est Argonate, il n’est pas soutenu totalement par ceux-ci et d’ailleurs, mon majordome pense comme nous si tu veux tout savoir. Il est Argonate, mais reconnaît notre race comme étant des êtres divins qui se doivent de guider les autres peuples vers la sagesse. »

Aphrodite se leva gracieusement, faisant virevolter sa robe, et se dirigea vers le bureau derrière elle. Elle ouvrit un tiroir scellé magiquement et en sortit un document qu’elle posa devant elle. Diverses sondages et études parmi les différents peuples de l’Empire y étaient répertoriés car comme tout Zéphyr, la jolie brune savait très bien qu’il ne fallait pas se lancer au front avec pour seul arme sa passion, mais bien en ayant tous les atouts de son côté. Evidemment, tout cela avait été fait de façon discrète et même ceux qui avaient réalisé ces sondages ne savaient absolument pas à quoi ils allaient servir, se disant sans doute qu’il ne s’agissait que de paperasse supplémentaire pour un article sur l’Empire ou quelque chose dans ce goût là. Aphrodite tendit plusieurs des documents à Cassius afin qu’il puisse voir les chiffres.

« Tu vois, chaque peuple de l’Empire a une vision propre de celui-ci. Certains y sont indifférents, d’autres au contraire y voient des avantages. On voit également qu’une majorité des gens se moque de qui est l’Empereur et de sa race du moment qu’il fait bien son travail et qu’une partie conséquente, notamment au sein de notre race mais également chez les Argonates et les Raikens, pense qu’un Zéphyr est plus apte et digne d’être à la tête de l’Empire. Au final, l’accession au trône des Argonates n’a eu lieu que parce que nous, Zéphyr, ne nous sommes pas opposés à cela, trop confiant dans les capacités de nos amis Argonates de faire les bons choix. Si nous parvenons à obtenir les soutiens nécessaires et à bien placer nos hommes aux postes clés, en cas de disparition de l’Empereur, un Zéphyr serait presque automatiquement nommé à sa place, sans que le moindre coup d’état soit nécessaire. Evidemment, il faut pour ça qu’un accident survienne à l’Empereur, chose peu probable … »

Sans vraiment le dire, la politicienne venait d’exposer la phase finale de son plan pour faire retrouver leurs véritables places aux Zéphyrs mais bon, il fallait rester prudent sur les mots utilisés, surtout qu’avant cela, il fallait être sûr d’avoir les voix de ceux ayant leurs mots à dire, aussi bien parmi les différentes races que parmi les Guildes. Afin d’augmenter le soutien populaire, il n’y avait pas énormément de possibilités, il fallait utiliser les problèmes des peuples, les accentuer et montrer l’incompétence de l’Empereur de des siens à les résoudre. Une fois les citoyens de l’Empire à cran, les Zéphyrs viendraient pour arranger tout cela, que cela soit par l’intermédiaire de la Garde de Xeron ou même de politiciens comme elle. Cependant, il faudrait parfois créer de toutes pièces ces problèmes et dans ce cas, l’aide de Cassius pouvait être particulièrement utile.

« Je t’ai souvent demandé de faire des petites choses pour moi durant tout ce temps. Cela n’a jamais été inutile. Un caillou placé au bon endroit peut faire vaciller le château le plus robuste. Grâce à toi, mon père a maintenant une image de médiateur de génie au sein de l’Empire et on l’envoie régulièrement arbitrer des conflits. Les problèmes que je te faisais créer me permettaient de donner toutes les informations nécessaires pour résoudre le différent à mon père. Il nous suffira donc de disposer plusieurs cailloux que nous sommes les seuls à pouvoir enlever, afin d’augmenter notre influence au sein de l’Empire. Qu’en penses-tu ? Je sais que ça sera plus long, mais ça sera également bien plus efficace. »

La jeune femme avait eut raison sur le point qu'elle avait abordée. La vérité était qu'il avait voulu précipiter les choses lorsqu'il avait entrepris de renverser l'empereur. Hors, Tal était maintenant beaucoup plus posé qu’auparavant,et le plan que lui proposait sa compatriote semblait être pensé depuis longtemps. Décidément, à deux ils pourraient bien réussir à atteindre leurs objectifs.

- Tu n'as pas changer dis-donc, toujours aussi jolie et intelligente! J'en penses que tu n'es pas bête du tout. Dit-il en esquissant un sourire. Ton plan pourrait bien fonctionner, et tu as raison, j'ai voulu y aller trop rapidement la dernière fois. J'ai donner ma confiance à des gens qui n'en étaient pas dignes. Hors, je ne commettrai pas deux fois la même erreur. Par-contre, je tiens à préciser que bien que nous nous associons et que je suis prêt à te rendre des services, je refuse d'être tenu à ce seul rôle. Je rebâtirai mon organisation, et j'espère que tu me comprendras. Ajouta-t-il d'un ton suave.

Le jeune homme tenait surtout à préciser qu'il n'allait pas se résigner à n'être qu'un vulgaire pantin. Il ne s'agissait nullement d'une offense à l'encontre de son amie, mais il n'était tout simplement pas du genre à se faire commander sans sourciller, et elle le savait bien. Après tout, ils avaient tout deux à cœur le même objectif, et s'ils pouvaient s'aider mutuellement, cela ne les ferait qu'avancer plus rapidement. Toutefois, avant d'officialiser ses plans, il fallait tout d'abord à Tal quelques renseignements, que seuls la jeune femme pourrait lui obtenir.

- D'ailleurs, j'aurais besoin d'informations que seul toi peut me procurer...

Il extirpa un morceau de papier de l'une des petites bourses accrochées à sa taille, et lui tendit. Sur celui-ci se trouvait cinq ou six noms.

- J'aurais en fait besoin de savoir ce que sont devenus ces individus. Bien sur si tu es capable d'obtenir ces données. Ils sont supposément les espions à la solde de l'empire qui m'ont vendus. J'aimerais donc aller leur passer le bonjour, si tu vois ce que je veux dire. Tu n'as pas à t'inquiéter, je te rendrai la pareille.

Prenant une pause, le Zéphyr aborda un autre sujet.

- Quand aux problèmes créés de toutes pièces, le retour d'une espèce qui a déjà fait des ravages pourrait être plutôt intéressant...

Il avait balancé cette idée sur un coup de tête, plus ou moins sérieusement. Mais il n'était pas stupide de penser que le retour des Reivens serait une catastrophe amplement suffisante pour détrôner l'empereur.

Comme toujours, Cassius avait la langue affûtée et les compliments faciles mais malgré cela, il semblait bien plus posé et comprenait les raisons de son échec précédent. Accorder sa confiance pour un plan aussi ambitieux demandait un contrôle de tous les instants des personnes dans la confidence, à moins qu’ils soient impliqués à un tel niveau que la chute du groupe provoquerait la leur également. Aphrodite était restée en retrait à l’époque car elle ne soutenait pas un coup d’état organisé par la force et qu’elle jugeait que cela ne passerait jamais auprès de la population, même si c’était dans son intérêt. Le système politique de l’Empire nécessitait de la cohésion et du soutien auprès de nombreuses personnes pour parvenir à se maintenir au pouvoir et en plus, recruter des membres sans un véritable contrôle et une mise à l’épreuve n’était pas une idée lumineuse. Quoiqu’il en soit, le jeune homme semblait intéressé par le plan que venait de lui exposer la politicienne mais ne semblait toutefois pas disposé à n’être qu’un simple pion sur l’échiquier, annonçant déjà qu’il comptait reformer son organisation.

« Tu sais que vu ton passif, un rôle sous les projecteurs ne pourra sans doute jamais t’être confié ? Cela représenterait un risque bien trop grand et cela compromettrait tout notre plan. Il faut parfois faire passer l’intérêt de tous avant ses intérêts personnels. En tant que Zéphyr, tu dois le comprendre. Reforme ton groupe si cela te tient à cœur mais jusqu’à la nomination d’un Empereur de notre race, tu devras rester dans l’ombre. Nous pourrons officialiser le statut de ton organisation une fois notre objectif atteint, pour peu que tu saches agir avec discrétion. De plus, toi seul devra être au courant des objectifs réels des missions que l’on vous confiera. Tes hommes devront te faire confiance aveuglément ou presque. Je ne veux pas de fuite inutile. »

Aphrodite le regardait avec un visage aussi sérieux et impassible qu’il lui était donné de faire, sachant très bien que si le groupe se faisait à nouveau repérer et que des liens pouvaient être fait entre les politiciens et eux, cela pourrait fort bien signifier la fin de l’influence des Zéphyrs au sein de l’Empire. Il ne devait donc pas recruter à la hâte ni même prendre des gens peu fiable, cela devait rester un groupe réduit avec uniquement des personnes de confiance. Si elle avait réussi à ne pas être impliquée de près ou de loin dans le plan foireux d’il y a quatre ans, ce n’était pas pour se faire avoir cette fois parce qu’il commettrait la même erreur une seconde fois. En plus, avec un peu de magie, une fois le plan achevé, elle pourrait transformer son visage afin qu’il soit méconnaissable et donc, prendre un poste plus officiel en guise de récompense.

La conversation prit bien vite une autre tournure dans laquelle, Cassius lui demandait un service et pas des moindres, vu la liste de noms qu’il lui tendit. Elle reconnut plusieurs noms écrits sur le bout de papier et lorsqu’il lui expliqua qui ils étaient, tout cela prit un peu plus de sens. Assouvir une vengeance n’était pas le meilleur moyen de passer inaperçu et encore moins si il n’avait aucune certitude quant à la responsabilité de ces hommes dans sa chute. Elle allait devoir se renseigner un peu mais pour deux d’entre eux, elle pouvait déjà lui répondre.

« Ca ne devrait pas être très long mais pour celui-la et le dernier, je peux déjà te dire ce que je sais. Zénon Frutokus fait partie de la garde de mon district. C’est un homme d’honneur et de confiance. Il n’a certainement rien à voir avec ta dénonciation. Par contre, le dernier nom, Ménas Loplus, me paraît être un suspect de choix dans ton affaire. A ce que je sais, le Conseil des 11 l’a déjà utilisé plusieurs fois pour infiltrer des groupes et des organisations criminels ou anti-impériaux dans les différentes terres de l’Empire. Il ne serait pas surprenant qu’il l’ait également fait dans la Capitale. Il habiterait selon ce que je sais dans le quartier populaire de la ville. »

Pour les autres, les noms ne lui disaient pas grand chose mais à supposer par la consonance, ils n’étaient pas tous zéphyrs, chose dangereuse pour un coup d’état par la force face à un Empire multi-culturel. D’ailleurs, cela allait certainement être un peu plus dur de glaner des informations sur eux que sur des membres de leur race. Quoiqu’il en soit, elle essayerait de faire de son mieux. Cassius poursuivit en parlant d’un éventuel retour des Reivens pouvant apporter les problèmes dont parlait la jeune femme mais bon, devoir se lancer dans une guerre aussi importante à nouveau était loin d’être un problème qu’il était facile de résoudre et surtout contrôlable. En plus, vu que l’Empereur actuel était parvenu à combattre cette menace, non sans mal, le peuple aurait à nouveau confiance en lui pour le défendre, chose tout à fait possible avec la puissance de l’Empire. Il fallait des problèmes bien plus terre à terre qui nécessitent plus de subtilité que de moyens car à ce niveau, l’Empereur était imbattable.

« Les Reivens sont impossible à contrôler et l’Empire s’engagerait à nouveau dans une guerre dont le mérite de la victoire reviendrait à l’Empereur. Il vaut mieux privilégier les problèmes impossible à résoudre par la force ou par l’argent. Le genre de problème où tout le pouvoir de l’Empereur se retrouverait inefficace. Une querelle entre deux races de l’Empire pourrait être une solution. En plaçant des hommes dans les deux camps, nous pourrions intensifier et réguler l’agressivité des protagonistes jusqu’à l’explosion. Cela serait ensuite à la diplomatie et la sagesse d’intervenir, les Zéphyrs. Il nous suffit de trouver des personnes influentes dans ces deux peuples et de leur proposer une ascension importante. Ils seraient vus comme les pacifistes et nous serons donc redevables. »

- Oui... Tu as sans doute raison pour les Reivens. Répondit-il d'un air songeur.

La réflexion de son interlocutrice par rapport au fait que l'empereur avait déjà combattu cette race avec succès avait fait germer dans la tête de celui qui se nommait à une certaine époque Cassius, une idée qui pouvait bien se révéler extrêmement efficace lorsque le moment de renverser l'empereur serait venu. En fait si cela se trouvait, il serait en mesure d'user de cette idée pour amplifier celle d'Aphrodite.

- Mais ne t'inquiètes pas pour moi. Ni pour toi, je ne comptes pas répéter les erreurs que j'ai déjà commis. Je ne recherche pas particulièrement un rôle sous les projecteurs. Plutôt qu'un groupe me permettrait d'agir plus aisément, et à plus grande échelle. Bien que j'aime mon peuple, je ne peux toutefois faire confiance en la garde de Xeron pour m'appuyer, logique quoi. C'est donc pourquoi je veux recruter quelques hommes à ma solde. Quand à Loplus, je ferai en sorte qu'ils ne puissent pas remonter jusqu'à moi.

Pas de doutes, la jeune zéphyr craignait qu'il ne retombe dans ses mauvaises habitudes et par la même occasion qu'elle ne chute avec lui. Pourtant, s'il y avait bien une chose que Tal s'était juré de ne pas faire, c'était bien de se laisser dominer par le désir d'obtenir ce qu'il voulait sur le moment. Mais il souhaitait également faire comprendre à son amie qu'il serait forcé de recruter probablement des membres de d'autres peuples. De toutes façons, il y avait bien une chose de certaine, les candidats ne seraient pas choisis au hasard. Le jeune homme à la chevelure immaculée se cala dans le fauteuil de cuir, appréciant de voir déjà se former l'esquisse de ce qui permettrait de mettre un zéphyr à la tête de l'empire.

- Quand à ton père, qu'est-ce qu'il pense de tout ça? Il te supporterait si tu lui disais que ce que tu veux mettre en place? Et il sait que les problèmes qu'il a réglés, c'est toi qui demandait leur création?

Son père, s'il se souvenait bien, était un grand politicien. Avec son appui, ils auraient une source qui pourrait leur fournir des documents officiels et de leur apporter un soutient non-négligeable. Du moins, Tal l'espérait. Et puis il voulait également savoir s'ils allaient devoir éviter qu'il ne découvre ce que sa fille mijotait. D'ailleurs s'il n'était pas dans le coup, il allait éviter de lui révéler qui il était, ainsi que le fait que nombre des problèmes qu'il avait réglés avaient été provoqués par Tal à la demande de sa fille.

- Sinon, t'as fais quoi pendant tout ce temps? Pratiques-tu toujours la magie? Dit-il en passant du coq à l'âne.

Il avait posé cette question auparavant, et la jeune femme l'avait omise, consciemment ou pas. Et c'était ce qu'il désirait savoir.

Visiblement, ses mots parvenaient encore à convaincre son ami de ne pas se lancer dans une nouvelle folie. Les Reivens n’étaient clairement pas la solution à leur problème et si ils revenaient à l’assaut de l’Empire, eux-même devraient s’allier à l’Empereur Shepard pour en venir à bout. En tout cas, Cassius semblait avoir appris de ses erreurs et comprenait bien qu’un rôle trop voyant n’allait pas être possible pour lui dans l’immédiat. C’est sûr qu’un groupe permettait plus d’action mais c’était aussi plus de risque et il devait être certain de ses hommes sans quoi, tout serait compromis ou en tout cas, leur collaboration car comme tout bon politicien, Aphrodite n’aurait aucun remord ou même une once de culpabilité à sacrifier son vieil ami si elle se rendait compte qu’il mettait en danger son plan. La Garde de Xeron était fidèle à l’Empereur et même si elle savait que certain, comme Ignis, préférerait un Zéphyr sur le trône, jamais ils ne trahiraient leur sermon. Malheureusement pour eux, cela en faisait des adversaires de taille mais bon, ils restaient également la troupe la plus puissante du peuple Zéphyr et sans doute même de l’Empire, ce qui permettrait à la brune de les occuper le jour J.

Le jeune homme termina par évoquer Loplus et apparemment, il était devenu assez sage pour ne pas ruminer sa vengeance, ce qui était une bonne chose. Le temps venu, il aurait tout le loisir de s’acquitter de ce petit différent. La discussion s’enchaîna sur l’implication de son père dans toute cette affaire mais bon, il était un peu trop curieux et toute personne sage sait qu’il n’est pas nécessaire de dévoiler des cartes à l’avance, car cela ne fera qu’augmenter les possibilités qu’a l’adversaire de les voir. Evidemment, son père savait très bien ce qu’il se tramait et même si il n’était pas vraiment pour la mort de Shepard, l’appréciant en tant qu’homme, il avait la rationalité suffisante pour se rendre compte que le laisser occuper le poste d’Empereur était une mauvaise décision pour l’Empire. Il savait également ce que Aphrodite avait fait pour améliorer sa réputation, même si il ne l’apprenait qu’après coup mais bon, comment pouvait-il en vouloir à sa fille alors qu’elle faisait tout cela pour le bien de tous. Quoiqu’il en soit, la jeune brune décida de mentir à Cassius vu qu’il n’était pas encore utile qu’il sache toute la vérité sur cette affaire. C’est donc telle une véritable politicienne qu’elle lui répondit, ne laissant transparaître aucun signe de mensonge ou de nervosité.

« Mon père ne sait rien de tout cela. Tu sais bien que c’est un homme trop droit pour envisager ce genre de chose. De plus, il est l’un de ceux a n’avoir émis aucun objection quant à la nomination de l’Empereur Argonate. Pour le moment, il vaut mieux qu’il ne soit pas impliqué dans tout ceci et que notre plan avance un peu plus pour que son soutien devienne indispensable. Comme j’ai été son assistante durant des années, je connais assez bien le fonctionnement de l’Empire pour qu’il n’y ait aucun problème. Pour les problèmes, même si je les organisais, il est le seul à en être venu à bout. C’est sûr qu’avec les informations que je lui donnais, il devait y parvenir mais bon, c’est encore lui qui les utilisait correctement. En plus, c’est agréable de le voir si fier de lui. »

Comme si de rien n’était, Cassius changea à nouveau de sujet, demandant ce qu’elle avait fait durant tout ce temps et si elle pratiquait encore la magie. C’était un sujet assez délicat vu que malgré son âge, elle s’entraînait encore avec sa mère comme une gamine. C’est sûr qu’à force d’aiguiser ses mots et de penser à toutes les possibilités pour affiner son plan, elle avait un peu délaissé la magie, ce qui n’était évidemment pas du goût de sa mère, celle-ci l’obligeant à pratiquer chaque jour avec elle. Etant une magicienne renommée, la mère d’Aphrodite voyait d’un mauvais œil que l’un de ses enfants ne soit pas au même niveau qu’elle et en fait, la seule chose où la politicienne était un peu meilleure que la moyenne des Zéphyrs, c’était dans les sorts curatifs. Enfin bon, tout cela n'avait pas grand chose à voir avec son plan d'amélioration de l'Empire.

« La politique prend tout mon temps comme tu t'en doutes mais bon, Mère veut que je pratique tous les jours la magie et par conséquent, je m'y conforme. Je pense me concentrer sur la magie curative, cela serait bien plus utile pour une personne comme moi qui utilise ses mots pour combattre. Et toi, que vas-tu faire maintenant ? Tu ne vas quand même pas traîner en ville. On pourrait te reconnaître. Je suppose que tu as eu pas mal de contrats durant ton exile, un ancien membre de la Garde de Xeron, cela attire toujours les clients. »

Évidemment, c'était aisé de poser la question, mais d'y répondre était nettement plus ardu. En fait s'il avait planifié de nombreuses fois son retour à Aphelion, maintenant qu'il y était il semblait à l'homme aux cheveux blancs qu'il ne pouvait pas y être moins préparé. Il y avait tant de choses à faire, et tant de choses qu'il devait éviter de faire. Son regard se teinta de mélancolie pendant quelques instants.

- Pour l'instant je vais me louer une petite chambre jusqu'à ce que je règle ce pourquoi je suis revenu ici. Ensuite, je ne sais trop... J'ai bien des chose en tête, et je dois encore placer mes priorités aux bonnes places. J'ai l'intention d'aller ensuite m'établir dans les bas-fonds. Bon, c'est pas le top côté immobilier, mais au moins j'suis certains de ne pas me faire emmerder par la garde.

Les bas-fonds n'étaient en effet pas réputés pour la présence de l'ordre et de la justice. Pour quelqu'un qui avait été étiqueter comme étant un tueur de juge céleste il s'agissait d'un des rares endroits où il était certains de ne pas se faire retracer. Du moins, il pouvait toujours y avoir quelques mercenaires qui auraient toujours on visage en mémoire, mais il ne les craignait nullement. Et puis la science martiale n'avait plus de secret pour le zéphyr, donc pas de craintes concernant la faune locale de ces quartier mal-famés, soit les brigands et autres criminels. La visite de Tal chez son amie tirait à sa fin, il avait eut la réponse à la plupart de ses questions, et était content de voir qu'elle se portait toujours bien. Pour la mise en ouvre de leur plan, nul doute qu'ils allaient se revoir, aussi le jeune homme demande un dernier service à la jeune femme.

- Bon et bien je ne vais pas tarder à y aller... Mais avant, j'ai un dernier petit service à te demander, je sais que ce ne sera peut-être pas très pratique pour toi, aussi ne te sent pas forcée d'accepter. Toutefois j'aimerais bien laisser ici mon armure. J'ai quelques trucs à faire et disons que mon armure n'est pas des plus discrète. Si tu pouvais la garder pendant quelques temps, histoire que je puisse régler ce qui doit être régler, ça m'arrangerait.

L'imposante armure que l'homme arborait n'était en effet pas très utile pour tout ce qui avait un lien plus ou moins prononcé avec la discrétion. Bien sûr il garderait sur lui sa précieuse lame, mais son armure ne ferait guère plus que l’encombrer dans les démarches qu'il allait entreprendre.

Visiblement, son vieil ami avait tout prévu pour passer inaperçu le temps de son séjour comme d’aller vivre dans les bas-fond de la ville pour ne pas attirer l’attention sur lui. Cet endroit était un repaire de voyous et de criminels mais bon, au final, c’était un peu ce qu’il était également aux yeux de l’Empire. En tout cas, ce n’était clairement pas un endroit où elle aimerait vivre, bien trop habituée au luxe et à l’opulence, la jeune femme ne pourrait concevoir de vivre dans une telle misère omniprésente. Ignis lui avait déjà conté plusieurs de ses missions dans cet endroit et les gens n’y semblaient pas des plus chaleureux envers la Garde, c’était sans doute ce que cherchait également Cassius qui grâce à cela, pourrait facilement voir arriver ses ennemis de loin. En fin de compte, il resta assez vague concernant ses projets, juste cette mystérieuse affaire à régler avant d’aller dans les bas-fonds ce qui d’ailleurs lui fit énoncé une requête assez étrange mais finalement compréhensible.

En effet, le jeune homme demanda à la politicienne de bien vouloir garder son armure le temps de régler cette affaire si secrète car celle-ci n’était pas vraiment discrète bien au contraire. C’est vrai que dans cette tenue, il ne risquait pas de passer inaperçu en ville, surtout si il venait à croiser des gardes ou pire, une personne le reconnaissant. De plus, si son affaire nécessitait un minimum de discrétion, le métal n’était clairement pas la protection la plus silencieuse et encore moins la plus mobile. Même si elle ne s’y connaissait pas trop en combat au corps à corps, elle savait fort bien qu’il existait deux types de combattant, les forts qui misent principalement sur leur puissance d’attaque et sur une lourde armure les protégeant, et les agiles, qui au contraire privilégie la vitesse et l’esquive, chose permise qu’avec une armure très légère voir pas d’armure du tout. Quoiqu’il en soit, elle ne pouvait pas lui refuser cela et c’est donc avec le sourire qu’elle accepta de prendre soin de son armure le temps de son retour.

« Il n’y a aucun problème, tu peux la déposer dans cette cachette. »

En un claquement de doigts, une grande ouverture apparut dans le mur en pierre derrière elle, donnant sur une pièce assez réduite de trois mètres sur deux. A l’intérieur, on pouvait y distinguer différents parchemins et objets qui semblaient de grandes valeurs et appartenant à la famille Luxus depuis des générations. Evidemment, le sort permettant d’ouvrir cette cache dimensionnelle n’était connu que des membres éminents de la famille et même si l’on venait à détruire la maison pierre par pierre, cette cachette resterait introuvable. Il s’agissait donc d’un endroit où son armure ne risquait strictement rien et même si il avait été suivi, personne ne pourrait prouver sa présence en ces lieux. Aphrodite attendit qu’il y dépose son bien avant de refermer l’ouverture d’un autre claquement de doigts, comme si la magie n’était finalement qu’une banalité.

« Tu n’auras qu’à venir la récupérer une fois que tu auras fini. Mais surtout, ne te fais pas prendre, cela serait bête d’avoir fait tout ce chemin pour te retrouver emprisonner. »

Décidément, son amie ne cessait de l’impressionner. Jusqu'à présent, pas la moindre de ses requêtes n'avait été refusée, et chacune de ses questions avaient obtenues des réponses claires et qui semblaient déjà pensées. Le zéphyr à la chevelure blanche aurait bien aimé pouvoir en faire autant, mais il se trouvait que certaines choses concernant ses prochains agissement ne pouvaient être révélées. De toutes façons, Aphrodite ne s'était pas montrée très curieuse vis-à-vis des activités qui allaient l'occuper d'ici leur prochaine rencontre. En fait, en autant qu'il ne se fasse pas repérer, cela lui allait. D'ailleurs cela convenait parfaitement à Tal. C'était mieux pour lui que son amie ne cherche pas à savoir ce qu'il faisait et le laisse vaquer à ses activités. Bref, il enleva son armure et la déposa dans la pièce secrète que la jeune femme avait ouverte. Certes, s'il l'enlevait de temps autres, pour se laver par-exemple, c'était une étrange impression pour lui de n'avoir qu'une mince tunique qui le moulait pour se vêtir.

- Ne t'en fais pas, je n'ai pas envie d'aller en prison alors que si peu de choses sont accomplies. Dit-il en esquissant un sourire rassurant

Sur ce, il enlaça son amie en la remerciant de son hospitalité, avant de la quitter. Après tout, il était tout de même arriver à l'improviste, alors que sa tête était toujours mise à prix. La jeune femme aurait bien pu refuser de le voir en personne. Toutefois, il ne faisait plus aucun doute que leur alliance allait mener à de grandes choses. Aphrodite semblait être une politicienne accomplie, et nul doute que Tal allait avoir besoin d'elle à l'avenir.

Le Valorium n'avait pas changer depuis qu'il y avait mis les pieds, aussi grâce à la discrétion que lui apportait le retrait de son armure, il réussit sans mal à emprunter les petites ruelles pour ne pas se faire remarquer, et retrouver la petite auberge dans laquelle il avait réservé une nuit.