Les terres brulées ne font pas partie des endroits rêvés pour profiter d’une pause lors d’une mission, mais quand le seul navire céleste qui fait la navette entre le cœur de l’empire et l’oasis d’Amon ne part que dans un mois, je me retrouve bloqué dans la ville d’Arkady à espérer trouver un lieu où me détendre et où je pourrais profiter de mes quelques jours de repos. Par contre la ville en elle-même ne manque pas de cachet, elle possède indubitablement un charme avec lequel elle rivalise fortement face aux immense palais blancs totalement impersonnels du Valorium d’Aphelion. Les maisons en pierres regorgent d’histoires et semblent posséder un riche passé, et à chaque coin de rue on trouve des revendeurs et des mécaniciens en tous genre. Pourtant il fait bien trop chaud et les vents de la région balayent le sable qui vient alors fouetter le visage avec force.

Mes deux subordonnés ont décidé de rester à l’abri dans le petit hôtel qui nous sert de logement. J’en suis assez heureuse, ils sont plutôt lourd, bien qu’assez débrouillard sur le terrain, mais ils n’arrivent pas à comprendre une femme. J’en profite donc pour visiter la ville, j’essaye de garder le plus de souvenir de chacun de mes voyages, surtout quand l’endroit n’est pas un champ de bataille, car en tant que militaire ce sont des moments assez rares. J’en ai aussi profité pour emmener faire réviser mon fusil à verrou, ces derniers temps il semble avoir perdu de la précision, et à chaque tirs il en échappe un étrange bruit suivit d’une forte vibration qui empêche d’enchainer un tir correctement derrière. J’arrive donc devant un atelier assez grand mais pourtant vide. J’entends au loin des bruits de mécaniques m’assurant qu’il y a quand même du monde dans ce lieu. Je passe la porte ouverte, évitant de justesse d’écraser un chat qui courait au ras du sol :

-Il y a quelqu’un ? Dis-je cherchant une réponse positive.

Hélas rien ne me revient, j’avance donc vers l’origine des bruits, ils proviennent de l’arrière-boutique. Prudemment j’ouvre plus grand la porte entre ouverte pour voir ce qui se passe à l’intérieur. Soudain une voie forte se met en colère :

-Combien de fois t’ai-je déjà dit de ne surtout pas mettre la poudre avant d’avoir fait baisser la pression du carburateur en dessous de deux bars. On en a pour trois jours de réparation maintenant.

Une erreur mécanique aucun doute là-dessus, une forte odeur de brulé et d’huile de moteur remonte jusqu’à mes narines. Je ne pouvais voir les deux personnes qui semblaient occupées avec la machine qui se trouvait entre moi et eux :

-Puisque je vous dis qu’en faisant ainsi, même si on augmente les risques de pannes, le moteur fonctionne bien mieux.

-Ce n’est pas à toi de prendre des risques ici, je te rappelle qu’ici c’est moi le patron, alors ne prend plus aucune initiative de cette sorte !

Ils en auraient pour des heures, et au final jamais ils ne s’occuperont de moi si je ne me fais pas remarquer. Je me racle donc la gorge de manière assez forte pour qu’au moins un des deux s’aperçoive de ma présence. La voie forte interrompt alors sa colère un instant, sort de derrière la machine et en me voyant dit alors d’une manière presque posée qu’il devait certainement forcer car on sentait encore de la colère :

-Comment puis-je vous aider ?

-J’aimerais juste savoir s’il était possible que l’un de vous vérifie mon fusil, il semble avoir des problèmes.

-Bien sûr, Jake tu t’en occupe, après je te donne ta journée, j’ai plus envie de voir ta tête dans cet atelier avant demain, t’as beau être doué, j’en ai assez de que tu sois aussi obstiné.

C’est alors qu’apparait un jeune homme, mais étrangement il n’a pas le teint hâlé comme les karnaks, certainement un Argonate d’ailleurs son nom n’est pas non plus celui d’un karnak mais bien d’un Argonate. Il m’emmène dans l’atelier et prend mon fusil qu’il commence à observer. Après quelques minutes alors que son patron semblait être retourné à ses affaires, je lui demande :

- Ce ne doit pas être facile d’avoir un Patron comme lui tous les jours ?

Même si mes propos pouvaient être un peu déplacés, je savais aussi ce que c’était que d’avoir des supérieurs un peu durs.

Spoiler: