Asis marchait le long des allées majestueuses du Valorium, un des plus bels endroits d'Aphelion. La plupart des Zéphyrs y habitaient, mais lui n'avait pas eu cette chance. Il adorait marcher dans cet endroit si beau et qui était à l'image de sa race. Il voyait des personnes fortunées sortir de grandes maisons faites en marbre pur, et les quelques passants les dévisager. C'est sur qu'ils avaient de quoi être jaloux. Asis était venu pour rencontrer quelqu'un qui apparemment avait les mêmes idées que lui sur l'incapacité de l'empereur à diriger. Il avait eu l'information des parents du jeune homme qui, en voyant l'attitude d'Asis face aux Argonates, lui avaient tout de suite donné rendez-vous. Il n'avait pas pu refuser, car tout était arrivé tellement vite... Il allait bien voir, peut-être que ce « Hermès » allait se rendre utile par la suite. Le point de rendez-vous était un parc, Asis le connaissait bien, il y allait souvent étant enfant. C'était un peu comme revenir dans le passé, de se rendre ici. Il était pressé d'y arriver pour voir si il avait changé, parce qu'après tout ce square se situait dans un coin reculé du Valorium. Seuls les habitués des lieux le connaissaient.

Après quelques minutes de marche, il y était. Il eu la surprise de constater que rien n'avait changé, le sable, la fontaine, les bancs usés par le temps, les arbres avec leurs feuilles qui commençaient à jaunir. C'était exactement comme il l'avait quitté la dernière fois. Il n'y avait personne, il était le premier arrivé. Asis décida d'attendre l'inconnu sur un banc. Il se demanda quelle sorte de personne ça pourrait être. Il est possible que le courant ne passe pas entre eux et qu'Asis soit contraint d'utiliser la magie, mais il n'était pas d'humeur à se battre alors il fallait espérer le contraire. Tandis qu'Asis se perdait dans ses pensées, il ne remarqua même pas que celui qu'il attendait était arrivé.

— Je suis Hermès. Et nous devrions diriger cet endroit.

Asis fut surpris de le voir foncer dans le but dès le début, mais ça lui plaisait. C'était toujours mieux que des personnes sans ambitions qui restaient chez eux toute la journée. Non, là Asis sentit qu'Hermès était déterminé, ça tombait bien puisque lui aussi même s'il ne le montre pas forcément. Face à cette entrée, le jeune Zéphyr ne savait quoi répondre. Il réfléchit quelques secondes avant de répliquer.

— Moi c'est Asis. Je vois que nous sommes tous deux contre l'empereur. Peut-être que l'on pourrait comment dirais-je... comploter.

Asis esquissa un sourire à ce dernier mot, il adorait l'employer. Ça donnait un sens mystérieux à la phrase. Il ne savait pas ce que pouvait réussir ensemble lui et Hermès associés mais il était certain qu'ils n'allaient pas en rester là.

Les présentations terminées, ils commencèrent à entrer dans un sujet plus sérieux. Très vite, Hermès exposa son plan ou plutôt ses plans à Asis. Premièrement, il proposa d'arracher en quelque sorte le pouvoir de l'empereur mais, selon lui, c'était des manières brutes, de « Valkor » précisément. C'était aussi un peu l'avis d'Asis, ils n'étaient pas connus pour foncer dans le tas mais pour élaborer des plans astucieux. Justement, la deuxième idée de l'Héliode était déjà plus complexe et ressemblait mieux à ce qu'Asis attendait. Il était question de pousser à un peuple à la révolte, autre que les Zéphyrs. Ensuite, il faudrait financer leurs armées et engager des mercenaires. À la fin, les Zéphyrs arrivent et sauvent l'empereur. Hermès fit ne pause et reprit plusieurs secondes après, il dit qu'il fallait être impérialiste. C'était bien pensé, mais il y avait quelques détails qui n'allaient pas.

— En fait, il y a plusieurs bémols à ton plan. Financer les armées en secret n'est pas une mince affaire, il faudrait déjà convaincre des Zéphyrs fortunés de donner leur argent pour déclencher une guerre, je ne pense pas que beaucoup seront prêts à faire ce sacrifice. Il y a des tonnes de Zéphyrs politiciens près de l'empereur qui auraient peur de trahir le régime. Après, si leurs armées grandissent sans qu'ils ne sachent la raison le peuple révolté se demandera ce qu'il se passe. Il faudrait à la limite faire une alliance avec eux. Enfin, on arriverait devant l'empereur comme des héros, mais tout le monde sait que les Zéphyrs veulent depuis qu'ils ont perdu leur place, la reprendre. Ça serait trop louche d'arriver et de le sauver, comme le feraient ses partisans. Puis devenir impérialiste, c'est pareil, tous ces changements en même temps c'est vraiment pas une bonne idée.

Il avait fini de donner son avis. Maintenant à lui d'exposer ses idées, elles n'étaient pas du tout les mêmes mais il pensait qu'elles pourraient aboutir.

— Je suis plutôt pour la création d'un groupe, en secret bien sûr. Nous provoquerions plein d'incidents qui montreraient que l'empereur ne peut plus diriger. Le peuple demanderait sa démission et enfin nous pourrions accéder au pouvoir comme nous l'avions avant de se l'être fait voler. Tout le monde sait que nous sommes les plus aptes à ça, je n'en ai aucun doute...

Asis attendait l'avis d'Hermès. Il espérait avoir fait bonne impression et qu'ils retiendraient leur plan. Ce qu'avait proposé Asis pouvait être très amusant. Le temps changea subitement, d'un ciel sans nuages, il passa à une énorme pluie. Comme si il savait qu'un changement allait s'opérer. Malgré leur jeune âge, ils étaient bien décidés à faire ce qu'aucun n'avait réussi jusqu'à présent. Finalement, venir à ce rendez-vousn'était pas une si mauvaise idée.

Hermès approuva tout de suite ce qu'avait proposé Asis. L'idée était quand même alléchante, être au sommet d'une organisation secrète tout le monde en rêverait, ou presque. Hermès fit remarquer quelque chose de très important, il leur fallait un nom et une devise. Les Zéphyrs ayant eu des ailes dans le passé, Asis n'a aucun doute là-dessus, il étaient de véritables anges, et comme ils travailleraient dans l'ombre, un nom lui vint directement à l'esprit, mais il se retint de le dire car un civil passa à côté d'eux, essayant d'échapper à la pluie. Mais quelques instants après ils étaient à l'abri et personne ne pouvait les écouter sans se faire voir. Asis passa une main dans ses cheveux pour faire couler l'eau qui s'y trouvait et s'appuya contre un magasin qui affichait « fermé ». Hermès reprit la parole.

— Il nous faudra aussi une première action, et plus d'adhérents... Surtout, un endroit de réunion secret et dur à trouver...

Il avait raison, il fallait premièrement recruter et ne pas se tromper sur la personne car ils n'avaient qu'une chance. Si ils faisaient pars de leurs intentions à une personne désintéressée, ils mettaient en danger la confidentialité du groupe. Il fallait bien sélectionner. Pour l'endroit, l'idéal serait un endroit accessible par un portail magique, ce qui réduirait de beaucoup les chances d'être découverts. Mais créer ceci était vraiment un énorme travail. Cependant, s'ils voulaient être bien protégés c'était surement le meilleur moyen.

— Une chose me chiffonne... Nous avons beau être les meilleurs, les autres peuples ne le voient pas comme ça. À plusieurs reprises j'ai pu constater qu'ils étaient jaloux de notre supériorité. Si jamais notre plan réussit... Quand notre plan réussira, il faut être sur que c'est nous, et pas plus d'Argonates qui seront choisis.

En vérité, Asis y avait aussi pensé mais pour l'instant il n'avait trouvé aucune solution. Leur plan aura été vain si les Argonates reprennent le pouvoir juste après. Il ne fallait pas que cela se produise et pour le moment il n'y avait que la force pour arriver à cette fin. Mais il serait préférable de trouver un autre moyen plus pacifique.

— Je vais y songer... Ah oui ça me revient, que dirais-tu de Dark Angels comme nom ? Ça sonne bien.

Asis ressentait en lui un immense pouvoir, il sentait qu'il pouvait attraper la lune s'il le voulait. En tout cas, une chose était sûre, c'était le début d'une grande aventure qui n'était pas prête de se terminer.