La nuit Tombait sur la capitale de l’empire, pour que le lendemain le jour qui s’était écoulé la veille ne soit qu’un lointain souvenir. Pourtant il y régnait encore une agitation non contenue. De toute part des policiers couraient s’affairant à la recherche d’une fugitive qui n’était autre que moi. Cette journée ne voulait donc pas se finir pour moi et la nuit ne serait que la continuation de la course effrénée que j’avais commencée depuis quelques temps déjà. Je trouvais pourtant un petit moment de répit, ayant réussi à trouver une parade à cette course poursuite, je me cachais dans la foule qui diminuait petit à petit au fur et à mesure que les minutes s’égrainaient. Cachant mon visage à l’aide d’une large capuche, j’adoptais le rythme de la masse afin de me confondre aux yeux de tous.

Soudain au loin je remarquais un barrage filtrant la sortie du quartier, et scrutant chaque visage avec l’avis de recherche, ils n’hésitaient pas à stopper les gens en cas de doute. Je ne pouvais pas me permettre de rebrousser chemin, un jour ou l’autre ils me démasqueraient, je devais donc prendre les devant et jouer le tout pour le tout. Je sortais mon arme avec précaution, et tout en la laissant basse m’approchais d’un homme seul qui allait dans la même direction que moi. D’un geste sec j’enfonçais le bout du canon au niveau des lombaires, et tout en paraissant naturelle, avec mon autre bras libre je me mis à lui tenir la main. Celui-ci tressaillit à ma façon de l’aborder, mais je ne lui laissais pas le temps de réfléchir :

-Un seul geste inconsidéré et ce soir vous ne rentrerez pas chez vous vivant. J’ai juste besoin de votre coopération et que vous me fassiez passer ce barrage en me faisant passer pour votre femme.

Je lui avais murmuré ces quelques mots, le forçant à marcher avec mon arme. D’abord surpris, il s’exécuta pourtant, obtempérant presque de bon cœur et avança sans un bruit à mes côtés. Une fois devant le barrage il se présenta, puis après un moment d’hésitation, me présenta comme sa femme. Les policiers me regardèrent un instant un peu dubitatif vis-à-vis de cette affirmation, mais nous laissèrent tout de même passer. Grâce à ce stratagème je me retrouvais donc en dehors du cercle des recherches ce qui me donnait un peu de temps pour prendre la fuite. Malheureusement ce plan comportait une faille qui était celle du témoin, si je le laissais partir, il y avait de grande chance pour qu’il me dénonce, et je ne voulais pas non plus me salir encore plus les mains. J’avais donc désormais un boulet qu’il me fallait trainer jusqu’à ce que je trouve un moyen de m’en débarrasser convenablement. Lui lançant un bref regard pour observer ses réactions, je le voyais presque calme et détendu alors qu’il était menacé de mort. Soudain une idée m’effleura l’esprit et je lui demandais alors :

- Guide-moi jusque chez toi pour y passer la nuit.

Loin de moi l’idée de vouloir profiter de cette nuit seule avec un homme, non depuis que ma charitable sauveuse était morte assassinée, je n’avais plus aucun lieu où me réfugier ou dormir. Je profitais donc de cette occasion pour espérer trouver un endroit sans risque pour la nuit.

La journée avait commencé de façon plutôt banale, pour ce cher traqueur céleste qu'était Wolfgang. Toujours animé de cette bonne humeur qui le caractérisait, il avait déambulé dans la ville avant de se dire qu'il manquait singulièrement d'air. La vente de ses effets s'était pour le moins bien passée, et il se retrouvait avec bien assez d'iris pour vivre comme un pacha pendant quelques temps. Fort heureusement, il pourrait vivre convenablement pendant bien plus longtemps. Le sens du confort de Twinsblades était légendaire: Un bon lit, un plan de travail en cas de besoin pour travailler ses marchandises, un coin cuisine et une salle d'eau lui suffisaient.

Il marchait d'un pas lent et gracieux vers chez lui dans le but de ramasser son nécessaire pour s'en aller, se souvenant en voyant les gardes que cette partie de la ville était un point d'accès et de sortie de la ville prisé par les badauds -dont il faisait partie. Quelle ne fut pas sa surprise de sentir au creux de ses reins l'embout d'une arme étrange -le genre d'armes qu'il n'utilisait pas par manque de confiance. Il tenta bien de se tourner à demi pour entrevoir son agresseur, quoiqu'il ne semblât pas spécifiquement surpris ou dépassé par les événements. Lorsqu'Emily lui prit la main pour lui ordonner de la faire passer pour sa femme, il ne put retenir un petit ricanement amusé. Il était de notoriété publique que Wolfgang Alkär ne courait pas après ce genre de relations… Enfin, qu'à cela ne tienne, il ne connaissait pas les gardes responsables du tri des passants, qui semblaient rechercher plusieurs personnes. Comme si quelqu'un de recherché allait passer par la grande porte. Enfin, son pas de changea pas lorsqu'il prit la direction du plus proche, gardant son sourire légendaire aux lèvres et passant son bras autour des épales de la jeune femme.

" Salut l'ami. Je suis Wolfgang Alkär, normalement mon nom se trouve dans ton registre des marchands autorisés à circuler dans Aphelion. "

" 'tend, je regarde… Bouge pas. Ouais, Wolfgang Alkär, traqueur céleste et vendeur. Tu peux entrer. Et elle, c'est qui? "

" Euh… Ma femme, évidemment. Elle n'est pas encore enregistrée puisqu'elle vient d'arriver, mais je me porte garant d'elle. "

" Mouais, comme t'as une réputation de probité je laisse passer… Mais si elle cause du grabuge, t'iras en taule avec elle. "

" Aucune chance. A plus tard l'ami, et bonne journée. "

Beaucoup auraient pu voir cet échange comme plutôt banal, ce qui serait probablement le cas si Wolf n'avais pas gardé cette désagréable sensation dans le dos tout du long. Il avait vécu de nombreuses situations dangereuses, mais c'était bien la première fois qu'il se sentait à la fois en sécurité et en danger… Enfin, il prit bien la direction de son habitation personnelle. Lorsque la porte s'ouvrit, il ne put retenir un petit soupir de lassitude. Loin d'être habitué à vivre ce genre d'expérience, il avait découvert qu'être pris en otage pouvait être quelque chose de très éprouvant pour les nerfs, quoiqu'il ait pu tenter sa chance à plusieurs reprises.

" Bon, bah nous y voila… J'suppose que je suis bon pour dormir par terre… "

Comme toujours, un petit sourire barrait son visage volontaire, et sa situation semblait peser moins lourd qu'une plume quand à la présence de ce signe de bonnes dispositions.

" Et sinon, quel est ton vrai nom? "

HRP a écrit:

J'ai pris quelques libertés, j'espère que ça te dérangera pas trop ^^'

Une fois chez lui je découvrais un intérieur plutôt spartiate, plus dans l’utilitaire que dans le confort. Pourtant on pouvait voir accrochés de nombreux bibelots et autres trophées de chasse. Il était clair que l’homme que j’avais pris en otage était quelqu’un qui avait voyagé. Venant de la part d’un traqueur céleste cela paraissait normal, après tout il devait être aventurier dans l’âme et ne devait pas être du genre à rester cloitré entre quatre murs. C’est à cette pensée que l’excuse invoquée pour passer le barrage me paraissait clairement pitoyable et je me rendais compte de la chance que j’avais eu de ne pas avoir eu de problème.
Il me parlait, me posait des questions, mais je ne lui répondais pas tout de suite, très vite je me mettais à mon aise, j’enlevais ma cape, laissant apparaitre un chemisier plus léger, et rangeais mon arme dans ma ceinture :

-C’est bon détend toi, je ne te veux aucun mal, l’arme n’était initialement là que pour te tenir en respect, mais tu m’as prouvé que tu n’allais pas agir bêtement, alors j’aimerais que tu me traite juste comme une simple invitée.

Je laissais apparaitre un large sourire sur mon visage, cela faisait longtemps que je n’avais pas souris ainsi, le stress retombé j’agissais enfin normalement :

-Au fait je me présente, Emily Brown, pas la peine d’en faire de même j’ai entendu ton nom lorsque tu t’es présenté au barrage.

Je pouvais lui mentir vis-à-vis de mon identité, mais je n’en voyais que peu d’intérêt. Je m’étais rendue compte qu’il ne me balancera pas à la police une fois que je l’aurais relâché, et puis depuis mon réveil il y a une semaine, la seule relation positive que j’avais bâtie était morte, il était peut-être temps de me faire des alliés pour contre balancer tous ces ennemis que je me faisais. Curieuse devant tout ce qu’il entreposait chez lui, je commençais à regarder l’ensemble de sa collection, Je remarquais que de nombreux éléments trahissaient une origine des terres de midgard, et j’en déduisais donc qu’il pouvait venir du royaume Valkor. Je me souvenais alors de ce que m’avais dit le serveur du bar dernièrement vis-à-vis d’un des objets que j’avais récupéré dans mon casier. Peut-être que cet homme qui avait beaucoup voyagé pouvait connaitre le Drakkar dont je possédais la miniature de figure de proue, peut-être même qu’il connaissait son propriétaire. Je fouillais alors dans mon paquet cherchant du doigt le toucher si particulier du bois taillé. Lorsque je le sentis, je l’extirpais doucement entre l’index et le majeur pour que celui-ci soit visible par mon hôte. La tête d’espèce de dragon sculptée dans un bois sombre correspondait parfaitement avec l’ambiance de la maison, ce qui me confortait dans l’idée qu’il provenait bien de ces terres enneigées. Je lui montrais alors tout en lui demandant :

-Reconnais-tu cette figurine ? On me dit que c’est la miniature de la figure de proue d’un Drakkar Valkor, et que chacune d’entre elle est unique. Si jamais elle te dit quelques choses, dis le moi, je t’en serais grandement reconnaissante, de toute façon je compte bien m’excuser comme il se doit pour t’avoir fait subir la situation embarrassante de tout à l’heure.

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