Un jour de plus sur Aphélion sans affaire à traiter... je commencerais presque à m'en lasser. Heureusement pour moi, j'ai trouvé de quoi m'occuper puisque personne ne semble avoir besoin de recourir à mes services. Lors de mon précédent combat, j'ai manqué de peu de perdre la vie. La faute essentiellement à l'arsenal d'armes à feu ahurissant que possédait mes adversaires. Moi qui ne combat qu'à l'aide de mes deux sabres et qui n'avait jamais eu l'occasion d'avoir à faire face à ce genre d'armement, j'ai bien cru que j'allais y passer. Pourtant, ce n'est pas la première fois que je passe proche de mourir, mais cette fois-ci c'était vraiment très désagréable de ne pas réussir à approcher ces enfoirés pour les empaler de mes lames. J'ai longtemps réfléchit là-dessus et en suis venu à la conclusion que posséder à mon tour l'une de ces armes me serait bénéfique. N'étant pas un mécanicien dans l'âme, et à l'aide de quelques renseignements, l'on m'avait indiqué l'adresser où je pourrais en trouver un bon sur Aphélion.

Un Karnak évidemment, répondant au nom de Sia Struff. Bien que ce nom étrange n'inspire pas forcément confiance, l'on dit que des bonnes choses de son travail. Sur le personnage en revanche, son apparence physique n’inspirerait pas confiance à coup sûr. On dit de lui qu'il n'est pas très amical et qu'il aurait bien du mal à accorder sa confiance aux autres. Un peu comme moi, mais en plus pousser, ce qui risque d'être intéressant pour notre entretien. Comme lieu où se déroulerait les négociations, car oui je comptais bien dépenser un minimum d'Iris dans cette affaire, j'avais choisi une auberge des Quartiers Populaires plutôt fréquentée. Une auberge que j'apprécie fortement et dans laquelle j'ai l'habitude de me rendre maintenant depuis une dizaine d'années. S'il ne connaissait pas ce lieu, mon messager se ferait une joie de le conduire ici. Rendez-vous vers 19h, l'heure du repas, afin d'être plus à l'aise lors des négociations. Assis dans un coin de l'établissement, un repas bien alléchant face à moi, une bière au-dessus de l'assiette, j'attendais patiemment que ce Struff se montre.

Il devait venir comme me l'avait précisé mon messager, et qu'il ne s'avise pas de me faire faux-bond, j'ai horreur de perdre mon temps inutilement. Et justement, quand on parle du loup, le voilà qui pointe le bout de son museau. La description que m'avait faite mon homme de main semblait correspondre avec le visage qui se tenait à quelques mètres de moi, ce dernier venant tout juste de pénétrer dans l'auberge. D'un grand signe de la main, j'amenais Sia à moi, sourire chaleureux sur les lèvres, appelant l'aubergiste pour qu'il vienne prendre la commande de mon invité. L'invitant à s'asseoir à la chaise devant moi, j'attendais que le dirigeant de ces lieux lui demande ce qu'il souhaitait que l'on lui serve à dîner avant d'entamer les présentations.

- Monsieur Struff, ravi de faire votre connaissance. Je me nomme Aaron Smith comme a pu si bien vous le dire l'homme que j'ai envoyé à votre rencontre pour solliciter un rendez-vous. Je constate avec joie que vous êtes bel et bien venu. Découpant un morceau de mon steak, je marquais une pause le temps de le manger avant de poursuivre. J'espère que je ne dérange pas votre travail en vous faisant déplacer ici ?

Passer directement aux choses séreuses ? Il me plaisait déjà cet homme. Inutile de perdre son temps en bavardages inutiles après tout. Sa tête mise à prix ? Avait-il des raisons de craindre qu'une telle chose puisse lui arriver ? Aucune idée, et à vrai dire je n'en avais que faire. Ce n'était pas la première fois que je faisais des affaires avec des hommes en constante illégalité avec la loi. Tant qu'ils ne sont pas l'une de mes proies ou qu'ils n'en profitent pas pour tenter de me faire tomber, il n'y a aucun problème de mon côté. Cela ne semblait pas être le cas de ce mécanicien Karnak. Il n'avait pas une tête de mercenaire, bien que l’expérience m'a appris à ne jamais me fier aux apparences, celui-ci ne semble rien avoir à se reprocher. Il se peut tout de même que je sois dans l'erreur, je ne suis pas devin après tout...

- Vous m'en voyez ravi dans ce cas. N'ayez crainte, je ne suis pas ici pour faire tomber votre tête, je ne prendrais pas la peine de vous inviter à dîner dans le cas contraire.

Ce qui serait franchement stupide entre nous, dépenser de l'argent inutilement dans le but d'abaisser la méfiance de ma cible n'est pas dans mes habitudes. Affichant désormais un regard dur, je mâchais calmement le reste de ma viande, jetant un coup d’œil aux tables alentour, à l’affût du moindre accrochage. Ce changement d'expression pourrait paraître brutal à mon interlocuteur, mais il pouvait s'estimer heureux d'avoir eu la chance de me voir sourire précédemment, bien que cela n'ait pas été sincère. Mettre à l'aise une personne dès son arrivée facilite toujours l'échange qui va suivre. Buvant une longue gorgée de bière, j'allongeais de quelques secondes encore le silence venant d'installer à la table.

- Comme vous l'avez si bien dit, vous n'êtes pas ici pour que l'on fasse connaissance, mais pour subvenir à mes besoins. En effet, j'ai dernièrement eu un accrochage avec des malfrats lourdement armer et l'instant d'une seconde, j'ai cru que ma fin arrivait.

Rien que d'en parler suffit à m'énerver. Cette étrange sensation d'impuissance jusqu'à présent ressenti qu'une seule fois dans mon existence, moi qui m'était promis de ne plus jamais la ressentir, ne supporte pas l'idée d'avoir revécu ce moment.

Les armes à feu me posent problème monsieur Struff, mes deux sabres ne suffisent plus désormais. Il est donc tout naturel que moi-même en possède une et c'est vous que j'ai choisi pour la confectionner. Courte pause afin qu'il ne rate rien de mes paroles. Le problème est que je n'y connais rien dans ce domaine, il me faudrait quelques conseils là-dessus. Mon choix se porte sur un pistolet, reste encore à savoir quel modèle serait le plus performant, si vous pourriez lui apporter des modifications afin de le rendre plus performant qu'un banal pistolet de son genre et bien d'autres questions encore. Débutons sur ces deux questions. Votre avis ?

Je ne perds pas mon temps avec cet homme, du moins je n'en ai pas l'impression. Il a l'air de savoir de quoi il cause, preuve que mon informateur ne m'a pas pris pour un con en m'indiquant un nom m'étant inconnu dans le domaine. Heureusement pour sa tronche il faut dire. J'ai horreur que l'on me prenne pour un con. Et quelque part, en faisant exprès de tourner autour du pot, c'est ce que cet Ingénieur – Mécanicien est en train de faire avec moi. Il me tapait légèrement sur les nerfs à s'amuser avec son verre de vin et si l'ambiance dans l'auberge n'aurait pas commencé à chauffer avec l'embrouille de deux ivrognes, je ne me serai pas gêné pour faire accélérer les choses. J'écoutais ce qu'il avait à me dire d'une oreille, monopolisant l'autre sur les injures que s'échanger les deux hommes à ma gauche. Rien de bien méchant nécessitant mon intervention, je gardais toutefois ma main droite sur le fourreau de mon sabre, prêt à intervenir si meurtre il devait y avoir.

- Comment ai-je fais ? C'est très simple, un informateur digne de ce nom. Je ne prends généralement que les meilleurs d'Aphélion, même un nouveau ne passe pas inaperçu ici.

Et ce n'était en rien un mensonge. Au cœur même de l'Empire, il est bien difficile de passer inaperçu. Ici, l'on peut être au courant de tout à quelques minutes près si l'on s'adresse aux bonnes personnes. Les risques que cela encoure sont également bien présents, une trop forte influence pouvant déranger les plus ambitieux qui feront en sorte de se débarrasser de vous. Depuis que je suis devenu Chasseur de Primes, j'ai appris à ne faire confiance à très peu de personnes, voir aucune. Je me méfie de tout, vérifie la moindre des informations obtenues, fait en sorte de graver dans un coin de ma mémoire les visages et noms de chacun des personnages que j'ai pu rencontrer jusqu'ici. Qui sait combien d'entre eux cachent bien leur jeu. Ils se disent de votre côté alors qu'en réalité, ils n'attendent qu'une chose, le moment opportun pour vous enfoncer un poignard dans le dos. Je le sais, moi-même j'ai rusé bon nombre de fois pour parvenir à mes fins.

La dispute quelque peu violente entre les deux habitants Argonates venant à l'instant de s'estomper, toute mon attention se reportait vers Sia Struff. Ce dernier, alors en train de m'informer sur les inconvénients que posséder un pistolet pouvait avoir, notamment au niveau du chargeur de faible capacité. Je parvenais globalement où il voulait en venir, posséder une telle arme ne semblait pas m'assurer de pouvoir tenir tête aux autres en vue de mon incompétence comme il le disait si bien. J'approuvais ses remarques, avec une légère pointe d'énervement, mais approuver tout de même. Il est vrai que n'ayant jamais tenu une arme à feu entre mes doigts, viser ne serait pas chose aisé. Il existait toutefois j'en étais persuadé, des gens en mesure de régler ce léger détail en échange d'une certaine somme d'argent. Tout est toujours possible lorsque l'on a de quoi payer. Un fusil ? J'avoue ne pas y avoir pensé, persuader dans l'idée qu'un pistolet était ce qu'il me fallait, le reste ne m'avait pas même effleurer l'esprit.

- Il faut reconnaître que ce que vous me proposez est alléchant, d'autant plus que d'après vos dires, ce type d'arme me conviendrait mieux. Personnellement, l'un ou l'autre m'est égale tant que j'ai de quoi dissuader mes cibles de vouloir jouer sur les armes à feu trop souvent. Le fusil serait donc plus approprié pour un novice... si vous en êtes certain, je ne peux qu'approuver, c'est vous l'expert après tout. Pour le prix, il n'y a pas de soucis, j'ai de quoi payer, vous pourrez donc faire en sorte d'ajouter cet avantage dont vous m'avez fait part il y a peu. Je voudrais tout de même m'assurer de sa fiabilité une fois l'arme prête, non pas que je doute de vos compétences, seulement une mesure de précaution. En combien de temps pensez-vous pouvoir réaliser ce fusil ?

La moindre des choses que l'on puisse dire, c'est que je ne suis pas un client trop chiant dans son choix. Quoique... reste encore à savoir si l'arme me conviendra réellement une fois entre les mains. Buvant une nouvelle gorgée de ma bière, je reprenais une bouchée de mon plat, laissant la parole à mon interlocuteur.