Le jeune homme n'était de retour à Aphelion que depuis peu de temps. En fait, il se trouvait que cela ne faisait que quelques jours qu'il y avait remis les pieds, mettant ainsi fin à l'exil de cinq ans qu'il avait vécu pour éviter que sa tête ne soit tranchée. Et pourtant, déjà il devait quitter la majestueuse cité zéphyr. Toutefois, il n'allait pas bien loin. En fait, comme il n'avait pas un très grand nombre d'iris en poche, il avait préféré cessé de loué des chambres d'auberges. Du moins, jusqu'à ce qu'il en ait un nombre suffisant pour être certains de ne pas en être à cour. Sans oublier qu'à chaque fois qu'il descendait dans les rues, il courrait la chance qu'un homme le reconnaisse. Après toute, certes son apparence physique avait changée, mais il n'était nullement méconnaissable. Du moins, pas pour quelqu'un qui le regardait attentivement.

Bref, il se trouvait maintenant en ce qui était autrefois une contrée argonate, le lac de plénitude. Le zéphyr à la chevelure immaculée avait songé à demander l'hospitalité à quelques fermiers parmis les campagnes, mais, dégoûté par l'idée de recevoir l’hébergement d'un individu ne provenant pas de son peuple, il renonça à l'idée. Toutefois, comme il ne souhaitait pas gaspiller le temps qu'il avait mis à se rendre jusque là, ainsi que la somme qu'il avait dû déboursé pour se rendre au lac, il choisit de s'occuper d'une autre affaire, et de dormir à la belle étoile.

En fait, celui que l'on appelait autrefois Cassius avait une demande peu orthodoxe à faire à un habile mécanicien. Toutefois, il allait sans dire qu'il ne pouvait faire cette demande à Aphelion, ou du moins, il craignait de n'être repéré si cela arrivait. En effet, non seulement le produit qu'il désirait obtenir était franchement suspect, mais il n'allait pas tarder à s'en servir. Il devait donc évidemment mettre toutes les chances de son côté pour ne pas être retracé. Cela allait donc de soi qu'il choisisse de faire appel à un petit mécanicien de campagne. Et puis après, le dicton ne disait-il pas que les meilleurs onguents se trouvaient dans les petits pots? Nul doute qu'il se trouvait parmi ces campagnards un homme, fusse-t-il d'une race autre que zéphyr, en mesure de répondre à la demande de l'ancien membre de la garde de Xeron.

L'homme aux yeux ambrés s'engagea donc sur les petits chemins en terres battues. Cependant, malgré la distance parcourue, il n'y avait pas de signe d'un quelconque mécanicien à l'horizon. Il se résigna donc à demander un vieillard qui passait par là et qui lui indiqua aussitôt le chemin à prendre pour trouver l'atelier d'un certain Jake, qui à coup sûr était l'homme parfait pour ce que recherchait Tal.

Il arriva donc à l'atelier, sans qu'énormément de temps ne se soit écoulé, et entra.

- En fait je suis ici pour une demande un peu particulière.

Rapidement, les yeux du zéphyr parcoururent l'atelier du mieux qu'elles le purent, à la recherche d'un autre homme qui pourrait entendre la conversation. N'en ayant pas trouvé, l'homme qui avait laissé son armure chez un ancien ami en qui il pouvait avoir confiance exposa sa demande.

- Je voudrais en fait savoir si vous êtes apte à trafiquer un fusil...

S'assurer que son interlocuteur puisse répondre à ses besoins avant de tout déballer était beaucoup plus prudent. Dans le pire des cas, ci ce-dernier en était incapable, il ne savait rien de ce que mijotait le zéphyr.

Le zéphyr esquissa un sourire, si seulement ce mécanicien savait de quelles modifications il s'agissait, il serait sans doute moins enthousiasme. À voir la réaction de celui qui était sans doute Jake, ce-dernier aimait bien améliorer des armes. Tal tâcherait de s'en souvenir à l'avenir, s'il en avait réellement besoin un jour de faire de telles choses. D'autant plus que le mécano était vraisemblablement plutôt doué selon ses dires. Pour l'instant tel n'était pas son but mais il n'allait pas sans dire qu'avec la profession et les objectifs que Tal visait, il était fort probable qu'il ait un jour besoin de services comme ceux qu'offrait son interlocuteur. Sans oublier qu'il venait tout juste de lui proposer de contourner la loi, moyennant à ne pas en douter une certaine somme, mais l'option était tout de même offerte. Toutefois aujourd'hui Tal n'avait pas besoin d'en faire autant. Feintant parfaitement l'air indigné que pouvait adopter celui qu'il incarnait, le membre de la race divine répondit à Jake.

- Non mais pour qui me prenez-vous? Je n'ai absolument pas à me cacher. Toutefois, il ne s'agit pas ici d’améliorer une arme. Je voudrais en fait la saboter. Il s'agit en fait d'une arme dont j'ai besoin pour servir l'empire. Il ne fait aucun doute que vos services seront rémunérés, si vous voulez bien me donner votre nom...

Tal avait annoncé cela en faisant preuve d'autant de flegme qu'il le pouvait. Il était prêt à payer pour cette arme, mais il préférait faire croire à ce mécanicien que l'état le ferait à sa place. Dans le pire des cas, s'il avait à revenir à l'atelier, il n'aurait qu'à payer Jake à ce moment. De toutes façons, rien n'était fixer puisque l'interlocuteur du zéphyr n'était peut-être pas en mesure de saboter une arme pour qu'elle tue l'utilisateur lors de son activation. C'était en fait là le principe de la chose. Tal comptait s'en servir pour se débarrasser de celui qui était, selon Aphrodite. l'un de ceux qui l'avait dénoncé, cinq ans auparavant. Ni vu ni connu, il n'avait qu'à faire livrer l'arme anonymement, voir la remettre lui-même à un domestique du traître, et attendre que la nouvelle de sa mort parvienne à ses oreilles.

- … Alors, vous relevez le défi? Évidemment il faudra que l'arme tue son utilisateur sur le moment. Explosion, impulsion de mana ou je ne sais quoi, vous avez le champs libre de ce côté. Moi tout ce que je veux c'est qu'appuyer sur une gâchette soit la dernière action de cet ennemi de l'empire. N'oubliez pas que l'état n'a pas la mémoire courte, dans le bon comme le mauvais sens.

Le dénommé Jake avait maintenant les cartes en main. Nul doute qu'il devait être légèrement abasourdi par ces demandes, aussi le zéphyr lui laissa un petit moment de réflexion.

- Alors?