Quelques heures après l'histoire du commissariat...


Assise confortablement dans un des nombreux bars de la ville basse, je ne cessai de lire et relire l’avis de recherche à mon nom, qui indiquait clairement que j’étais une ennemie d’état, et me désignait comme une criminelle dangereuse. Même si je n’avais pas fait mentir ce bout de papier avec ma conduite dans le commissariat, je me retrouvais dans un sacré pétrin et ce sans le vouloir. Qu’avais-je put faire dans le passé pour mériter un tel sort à présent ? Pourquoi aucun parent ne s’inquiétait de ma disparition ? Pourquoi conservais-je autant de choses dans un casier au port céleste ? Depuis mon réveil il y a une semaine les questions fusaient dans tous les sens dans mon esprit, et cet avis de recherche n’arrangeait pas les choses. Désormais il m’était impossible d’obtenir une quelconque information sur mon passé à partir des données conservées par l’empire :

-Avez-vous choisis mademoiselle ?

Surprise en plein milieu de mes réflexions par le serveur, je sursautais presque, passant ma main à l’intérieur de mon manteau prête à dégainer mon arme, mais me ravisant de suite après avoir vu le visage de mon interlocuteur. Je lui demandais alors ce qu’il pouvait avoir comme boisson forte :

-Je vous recommande l’Ikae, un alcool des terres de midgard, c’est un extrait de différentes plantes ne vivants que dans ces régions glaciales.

Je n’écoutais déjà plus le pauvre garçon, et d’un simple signe de tête, je lui indiquais que cela conviendrais amplement. Retournant à mes occupations, je fouillais dans le petit paquet contenant les seules affaires qui me reliait au passé. J’en extrayais une petite statuette sculptée dans du bois. Elle représentait la tête d’une sorte de créature proche du dragon sur un petit socle en bois sur lequel étaient indiquées les trois lettres : « KIA ». Dans le paquet deux autres objet portaient les même inscriptions, aucun n’avaient de point commun à part ces 3 lettres. Lorsque le serveur revint avec mon verre, il remarqua sur la table la petite statuette et s’écria :

-Mais c’est une Proue !

-Euh pardon pouvez vous m’expliquer plus clairement ? Dis-je surprise par sa réaction.

-C’est une miniature de Proue de Drakkar, ces magnifique bateaux qui viennent des terres Valkors, chaque drakkar a une proue différente, et je peux vous dire que j’en connais un rayon là-dessus puisque je viens de là bas.

Ça expliquait donc sa connaissance sur l’alcool que j’avais commandé. Pendant qu’il me parlait de son pays, je laissais couler le liquider dans ma gorge, et celui-ci me revigorai pleinement. Si ce garçon disait juste, je pouvais facilement retrouver le Drakkar en question par ressemblance et son possesseur du même coup, qui pourrait certainement m’aider dans ma quête de vérité.

De nouveau un évènement extérieur m’extirpa de mes pensés, levant légèrement la tête pour voir de quoi il s’agissait. Je remarquais alors une dizaine d’homes armés, qui se dirigeaient vers le bar où je me trouvais. Voila qui corsait l’affaire, peut être ne venaient-ils pas pour moi, mais ils ne devaient pas me retrouver ici. Il me fallait agir rapidement et discrètement. Je me levais alors, laissant le jeune homme perplexe derrière moi, puis me rapprochant d’un homme à la barbe bien garnie, je lui donnais un coup de coude rapide. Celui-ci furieux, se retourna, tombant nez à nez avec un gringalet, ne me soupçonnant même puisque je m’étais déjà éloigné de lui. San crier gare, il lui donna un violent coup sur la figure, le projetant ainsi contre le sol. Rapidement la situation s’empira, divers individus commencèrent à se joindre à cette bagarre pour finir en peu de temps en un véritable capharnaüm de pied de chaise volants et autres bouteilles vides. J’en profitais alors pour me faufiler doucement au fond de l’enseigne, me retournant une dernière fois pour profiter du chaos régnant et voir si les hommes en armes s’occupaient bel et bien de ce que je leur donnais comme leurre. Je poussais alors la porte en bois, me retrouvant dans l’arrière cours humide du bar, déjà hors du tumulte que j’avais provoqué.

Soupirant, je regardais d’un air fatiguée le Juge Céleste qui se tenait face à moi. Il venait de s’ajouter inopinément à ma liste de problème qui ne finissait pas de se rallonger. Au moins j’étais sûre d’une chose, ce n’était pas un juge de pacotille puisqu’il avait anticipé de manière assez intelligente mes mouvements. Par contre il faisait presque tache avec le décor qui nous entourait, habillé de blanc, grand et majestueux, le contraste était saisissant avec la ruelle humide et salle dans laquelle nous nous trouvions. Dès ses premiers mots, je sentais en lui un mépris entier de ma personne en tant que criminelle, mais cela allait encore plus loin, il me méprisait en tant qu’être humain des plus normal. Comment pouvait-il se penser supérieur à moi ? Très vite j’abandonnais ce détail en écoutant tous les chefs d’accusations qu’il portait contre moi. La grande majorité de ceux-ci étaient en rapport avec mon altercation du jour même, mais deux d’entre eux sortaient du lot : « pour vos faits passés … article 6 alinéa1 : meurtre au premier degré. ». L’avis de recherche n’indiquait pas que j’étais à l’origine d’un meurtre, ce qui la renseignait donc un peu plus sur son passé, même si cela ne m’enchantais guère. De plus j’avais commis d’autres méfaits par le passé et qu’un casier judiciaire pouvait certainement contenir plus amples informations sur ceux-ci, et par chance peut être qu’il l’avait sur lui. Il avait fini son petit discours et se tenait désormais entre moi et la sortie.

Je devais m’échapper de cette situation qui n’était pas à mon avantage, mais je ne voulais pas en sortir avec un nouveau crime sur les mains. La discussion s’imposait donc à mes yeux comme un moyen de premier choix. Mais cette possibilité était déjà freinée par le juge en lui-même. Il ne semblait pas prédisposé à discuter avec moi, et avait la ferme intention que tout cela se termine rapidement. De toute façon que pouvais-je bien lui dire ? La vérité ? Ma parole n’avait aucune valeur à ses yeux, et mon histoire était tellement rocambolesque que même un enfant aurait du mal à y croire :

-Alors déjà pour le vacarme à l’intérieur, je n’y suis pas pour grand-chose, j’ai juste dérapé et un badaud a pris ça pour une agression venant de quelqu’un d’autre et ça a simplement dégénéré. Pour le reste, j’aimerais beaucoup vous exposer ma version des faits mais vous n’y croiriez pas donc je vais juste vous dire que je ne comprends vraiment pas pourquoi vous venez m’arrêter, et j’aimerais si possible m’en aller d’ici sans histoire.

Mauvais choix, la candeur et la naïveté ne marchent que pour les criminels de bas étage et en général que les filles. Je remplissais la deuxième catégorie, mais apparemment pas la première. De toute façon aucune méthode ne marcherait avec un type comme celui qui se dresse face à moi, méprisant et avec une foi aveugle en la justice, il est impossible de lui échapper sans se battre. Tient voila que le deuxième moyen de s’échapper fait surface, j’espère ne pas être obligée de l’utiliser, mais si mon petit discours ne suffit pas, ce qui me semble être le cas, je serais acculée à utiliser la force.